Dans les médias

Le collectif plus que le collaboratif …

Par François Geuze, Président du Comité Scientifique du HRFiabLab Europe, et expert RH
Dire que la collaboration suscite la résistance (au changement) semble faire référence à un passé difficile. Toutefois, l’émergence des nouveaux outils collaboratifs dans l’entreprise vient bousculer notre manière de travailler et notre rapport au travail. Il est aujourd’hui commun que de dire que nous sommes dans l’ère du « CO » COllaboration, COcréation, COopération, etc… mais quels sont les fondements, les socles qui permettent de faire passer l’entreprise dans cette nouvelle ère ? quels sont les principaux facteurs clefs de succès pour enclencher la Collaboration ?
Il est intéressant de constater comment ce terme à envahi le vocabulaire managérial, relevant d’ailleurs plus de l’injonction que du partage d’une réelle préoccupation. Mais au delà du paradoxe consistant à imposer la collaboration, nous sommes nous véritablement posé la question de la santé de nos collectifs de travail ? et sans céder aux illusions portées par les béquilles technologiques que sont alors des réseaux sociaux d’entreprise, les wikis et autres outils, avant de décréter la collaboration avons nous véritablement stabilisé des collectifs de travail mis à mal par plus de 20 ans de changements et de réorganisations incessantes ? Dans nombre d’entreprises et d’organisations, il suffit d’échanger avec les collaborateurs et l’encadrement intermédiaire pour constater combien et comment les collectifs de travail se sont dégradés au cours des dernières années, conduisant nombre d’entre eux à se concentrer sur leur travail et ce qui leur est demandé, au détriment de l’innovation, de la confiance et de l’engagement vis à vis de l’entreprise.
Se poser la question des collectifs de travail est prioritaire car ils sont notamment source d’efficacité et d’agilité pour les organisations. Se poser la question des collectifs de travail est prioritaire enfin car ils sont nécessaires au fonctionnement du collaboratif. Toutefois les collectifs de travails sont méconnus dans l’entreprise (par exemple : l’on s’attache à décrire et évaluer les compétences individuelles mais rarement collectives) car depuis de nombreuses années l’on préfère le contrôle (par les processus) à la régulation (par les équipes de travail).
Alors comment faire ? Peut-être simplement commencer en retravaillant les interfaces entre chacun des types d’activité que sont les missions de prévision, décision, organisation, production et évaluation pour y injecter des logiques collectives, en reconnaissant et valorisant l’apport des collectifs de travail et en redonnant des temps nécessaires à l’épanouissement de ces collectifs car c’est ainsi que l’on recréera les conditions durables de la collaboration et plus encore de l’innovation.